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Une fake news sur Brigitte Macron devient virale, la Première dame va porter plainte

Brigitte Macron ne compte pas en rester là.

Temps de lecture: 4 min

Mêlant anti-macronisme virulent, idéologie d’extrême droite et relents transphobes, une infox mettant en doute l’identité de genre de Brigitte Macron se répand à grande vitesse sur les réseaux sociaux, conduisant la Première dame à préparer une riposte judiciaire.

Selon son avocat joint par l’AFP, Brigitte Macron a ainsi l’intention de saisir la justice et envisage notamment le dépôt d’une plainte. «  Elle a décidé d’engager des procédures, c’est en cours », a déclaré Me Jean Ennochi, sans donner plus de précisions.

Depuis plusieurs mois, des messages essaiment sur les réseaux sociaux pour clamer que Brigitte Macron, née Trogneux, serait en réalité une femme transgenre dont le prénom de naissance était Jean-Michel.

Un vaste complot serait à l’œuvre pour masquer ce changement d’état civil, à en croire cette fake news qui se décline également en accusations, plus graves, de pédocriminalité portées contre la Première dame.

Cette infox, qui fait aujourd’hui irruption en pleine campagne présidentielle, a d’abord circulé à très bas bruit. On en retrouve une toute première trace début mars sur Facebook sous la plume d’une certaine « Natacha Rey », qui figure parmi ses principaux propagateurs. La page de cette « journaliste » fourmille de thèses conspirationnistes et de diatribes contre la «  dictature sanitaire ».

Ses nombreuses publications sur cette infox, mêlant photos de famille et supposés documents d’état civil, restent alors confidentielles même si de premiers internautes s’en saisissent pour décréter que Brigitte Macron serait un «  transgenre pédo-criminel sataniste », un vocable qui fait écho à la mouvance conspirationniste QAnon selon laquelle le monde serait dirigé en sous-main par une élite pédocriminelle.

Mouvance conspirationniste

La circulation de la rumeur connaît un premier tournant mi-octobre avec la parution d’un article sur le supposé « mystère Brigitte Macron » dans « Faits et documents », une revue fondée en 1996 par une figure de l’extrême-droite, Emmanuel Ratier, qui avait, au moment de son décès en 2015, reçu un éloge appuyé de Jean-Marie Le Pen.

À l’origine de cette « enquête », on retrouve de nouveau « Natacha Rey ».

Près de deux semaines après sa parution, le hashtag #JeanMichelTrogneux apparaît pour la première fois sur Twitter le 1er novembre avant d’être relayé par un compte relativement confidentiel (531 abonnés), « Le Journal de la Macronie », résolument opposé au chef de l’Etat, selon l’outil d’analyse de données InVid We Verify développé pour l’AFP.

Pendant près d’un mois, ce mot-clé reste encore très largement sous les radars avant de connaître un spectaculaire accès de popularité à partir de début décembre. Le 6 décembre, il ne génère ainsi que 35 tweets mais en aura produit plus de 13.000 trois semaines plus tard.

Selon le dernier décompte d’InVid, ce hashtag a, jusqu’à présent, suscité 68.300 retweets et plus de 174.000 likes. L’interprétation de ces chiffres n’est toutefois pas univoque : les messages peuvent ainsi émaner de ceux qui promeuvent l’infox, en l’accompagnant souvent de messages hostiles au chef de l’État, mais aussi de ceux qui, à l’inverse, dénoncent sa diffusion et sa popularisation.

Une chose est sûre : ses principaux promoteurs se recrutent au sein d’une mouvance très hétérogène ralliant conspirationnistes, covido-sceptiques ou se revendiquant du courant « souverainiste français ».

Selon InVid, Le compte Twitter ayant posté le plus de messages sur cette infox est ainsi tenu par un partisan du « Frexit » tandis que l’utilisateur le plus retweeté anime un média en ligne dénonçant notamment la « propagande » autour du variant Omicron.

Signe de sa popularité, cette infox a, au fil des messages, donné naissance à d’autres hasthags comme #OuEstJeanMichelTrogneux.

Ce n’est pas la première fois que le couple Macron est visé par des rumeurs entremêlant genre et orientation sexuelle. Au moment de la campagne présidentielle de 2017, Emmanuel Macron avait dû démentir des allégations sur sa prétendue homosexualité.

Les infox à caractère transphobe ne constituent par ailleurs pas un phénomène nouveau. Plusieurs femmes politiques en ont déjà fait les frais comme l’ex-Première dame des États-Unis Michelle Obama, l’actuelle vice-présidente américaine Kamala Harris ou la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern.

Les stratégies déployées pour propager ces rumeurs sont souvent identiques : interprétation trompeuse sur la base de photos zoomées sur différentes parties du corps, invention d’une histoire cachée et d’un « alter ego » masculin.

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