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Échanges très tendus entre Cyril Hanouna et un député français (vidéo)

Une séquence complètement lunaire issue de l’émission « Touche pas à mon poste » fait le tour de la toile.

Temps de lecture: 4 min

« Abruti », « tocard », « bouffon », « t’es une merde » : après avoir pris à partie en direct le député LFI Louis Boyard, l’animateur Cyril Hanouna est au centre d’une nouvelle polémique, qui suit de trois semaines ses propos contestés sur la justice et l’affaire Lola.

« Ce qui s’est passé sur (l’émission) +Touche pas à mon poste+ est gravissime (...) Nous saisissons l’Arcom », a réagi jeudi soir sur Twitter la présidente des députés LFI Mathilde Panot.

« Nous sommes saisis et nous allons examiner la séquence au regard des obligations de l’éditeur », a confirmé vendredi le gendarme de l’audiovisuel à l’AFP, sans préciser si la saisine émanait de LFI ou de téléspectateurs.

« Nous ne ferons aucun commentaire, ni C8 ni Cyril Hanouna », a indiqué la chaîne C8 à l’AFP.

L’algarade d’une dizaine de minutes a eu lieu lors d’une séquence consacrée au bateau de migrants Ocean Viking.

Invité en plateau, Louis Boyard, député depuis juin et ancien chroniqueur de l’émission, a accusé les « cinq personnes les plus riches » de France d’ »appauvrir l’Afrique ». Il a cité le milliardaire Vincent Bolloré, propriétaire du groupe Canal+, auquel appartient C8.

« Bolloré t’a donné de l’argent puisque t’étais chroniqueur ici (et) ça te dérangeait pas », a répliqué Cyril Hanouna, en reprochant au député d’avoir voulu « faire un coup d’éclat ».

« Hypocrisie »

Le ton est vite monté. «Je m’en bats les couilles que tu sois élu», a lancé Cyril Hanouna.

« T’es un irresponsable Cyril, tu fais du mal à la France, tu fais monter le racisme et on a même pas le droit de critiquer Bolloré sur ta chaîne », a estimé M. Boyard.

« Moi je fais mon métier, je divertis les gens tous les soirs et je leur parle d’actualité. Toi t’es une merde », a renchéri l’animateur, après avoir traité le député d’«abruti», de « bouffon » et de « tocard ». M. Boyard est parti sous les

huées du public.

« Cette séquence (...) est bien la preuve que sur TPMP (Touche pas à mon poste) on peut tout dire, et inviter tout le monde », a ensuite twitté M. Hanouna.

Pour le spécialiste en communication politique Philippe Moreau-Chevrolet, interrogé par l’AFP, l’incident est « symptomatique d’une très grande violence vis-à-vis du politique ».

Pour autant, il existe « une hypocrisie du milieu politique » envers M. Hanouna, relève M. Moreau-Chevrolet, scénariste en 2020 de la BD « Le président », dans laquelle il imaginait l’animateur en candidat à l’élection présidentielle.

« Audience populaire »

« Il y a un vrai piège démocratique: (les responsables LFI) ont besoin de participer à TPMP pour exister en tant que force contestataire, parce que TPMP est l’un des seuls endroits à la télévision où on peut dire ce qu’on veut, y compris des positions dures, avec une audience populaire, de chômeurs, de gens au RSA », commente le politologue.

Ainsi, Mathilde Panot y était le 3 novembre. Plus largement, des responsables d’autres bords, dont des ministres (Marlène Schiappa), ont participé ces derniers mois à TPMP, accusée depuis longtemps de chercher le buzz avec des sujets polémiques.

Selon M. Moreau-Chevrolet, ces débats à la grande «liberté de ton» devraient se trouver « sur le service public » et non sur « le territoire Bolloré », réputé très droitier.

Faute de quoi, « ça crée un fossé entre une culture populaire (...) que Hanouna récupère, et le reste de la classe politique ou des médias qui vont être dans une bulle CSP+, urbaine », conclut-il.

« On peut avoir une vision pure en décidant de ne pas y aller, mais alors on se prive d’un vecteur », a pour sa part expliqué le député LFI Manuel Bompard à l’AFP.

TPMP est un succès d’audience, avec 1,8 million de téléspectateurs en moyenne et des pics à plus de 2 millions.

Fin octobre, Cyril Hanouna avait provoqué une autre polémique en appelant à un procès sommaire pour la meurtrière de la jeune Lola.

Ses positions avaient été qualifiées de « négation de l’Etat de droit » par le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti. Là encore, l’Arcom est saisie.

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