Affaire Tariq Ramadan: Charlie Hebdo se paie Mediapart, Edwy Plenel réagit dans la foulée

L’hebdomadaire satirique a encore frappé. Sa cible de la semaine : Edwy Plenel, le cofondateur et président de Mediapart. En Une, Charlie Hebdo raille le journaliste au sujet des vives polémiques qui entourent depuis plusieurs semaines Tariq Ramadan. L’islamologue est accusé d’agressions sexuelles et de viols.

Sur fond rouge, quatre images d’Edwy Plenel, rappelant les singes de la sagesse, un symbole d’origine asiatique où trois primates se couvrent chacun une partie différente du visage avec leurs mains. Ici, le premier visage d’Edwy Plenel est le plus fidèle à l’original. Les trois autres moins. L’épaisse moustache du journaliste se déforme. Et vient couvrir sa bouche, puis boucher ses oreilles et enfin cacher ses yeux. Cette Une est titrée : « Affaire Ramadan, Mediapart révèle : ‘On ne savait pas’ ».

Mediapart fait bloc derrière son président

Charlie Hebdo attaque ici de plein fouet le pureplayer d’investigation Mediapart, à l’origine de nombreux scoops. L’hebdomadaire satirique reproche notamment à Edwy Plenel les propos tenus par ce dernier en janvier 2015 sur le plateau du Petit Journal de Canal +. Le journaliste, qui avait déjà débattu avec l’islamologue aujourd’hui acculé par les affaires de scandales sexuels, avait soutenu que l’homme était « un intellectuel respectable ». « Je lis, je l’écoute, je ne vois pas d’ambiguïtés. J’accepte de débattre avec lui sans problème », avait déclaré Edwy Plenel.

Dans la foulée de la publication de cette Une, la rédaction de Mediapart a réagi sur Twitter. Via Edwy Plenel, premier visé par ces dessins, qui a choisi de citer, dans un tweet, l’écrivain français Romain Rolland.

Deux journalistes de la rédaction ont également peu apprécié le choix éditorial de l’hebdomadaire satirique qui sortira ce mercredi 8 novembre en kiosques. Ils l’ont fait savoir sur Twitter. Fabrice Arfi, responsable du pôle « Enquêtes » pour le compte de Mediapart. Mais aussi Ellen Salvi.

Manuel Valls avait ouvert les hostilités

Dimanche 5 novembre, l’ancien Premier ministre français Manuel Valls avait déjà accusé Edwy Plenel de complicité envers Tariq Ramadan. Le cofondateur de Mediapart avait alors immédiatement réagi sur BFMTV, niant être au courant des affaires de viols et d’agressions sexuelles qui acculent l’islamologue. En 2016, Mediapart avait publié une enquête sur Tariq Ramadan. « Personne d’entre nous, à Mediapart, ne savait quand nous avons fait cette enquête », a expliqué celui qui dit n’avoir « croisé Tariq Ramadan que deux fois dans sa vie ». « De cela est fait un amalgame qui relève pour moi de la chasse aux sorcières, comme du temps du Maccarthysme ou de l’inquisition », a ajouté le journaliste à la moustache.

Pour rappel, ce n’est pas la première fois que Charlie Hebdo s’attaque à l’affaire Tariq Ramadan. Le mercredi 1er novembre, l’hebdomadaire satirique avait consacré sa Une au théologien. Une prise de position qui avait valu à la rédaction, déjà meurtrie par un attentat terroriste en janvier 2015, de recevoir de nouvelles menaces de mort.