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En Bretagne, une institutrice de maternelle se lance sur Youtube et cartonne (vidéos)

Petit train des jours de la semaine, chenille de l’alphabet, « p’tit loup » et ses manteaux de couleur… Le décor de la classe reconstitué chez elle, une institutrice de maternelle invite ses élèves sur la chaîne Youtube qu’elle a lancée en plein confinement, et qui compte déjà près de 14.000 abonnés.

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Réinventer l’école en pleine épidémie de Covid-19… C’est la mission que s’est donnée Marie-Solène Letoqueux, enseignante de petite section à Luitré (Ille-et-Vilaine), avec sa chaîne « La maîtresse part en live ». Pendant une heure, pauses comprises, et à raison de quatre jours par semaine, la Bretonne de 32 ans reproduit les rituels d’une journée de classe pour tenter de garder un lien avec ses 26 élèves. L’enseignante, qui n’est théoriquement pas tenue de s’investir autant dans la continuité pédagogique, proposée uniquement à partir de la grande section, a lancé sa classe virtuelle sur proposition de son mari, producteur d’émissions scientifiques sur Youtube, qui la filme avec trois caméras, leur fillette de cinq mois en porte-bébé.

« Il y a beaucoup d’outils pédagogiques à partir du CP mais il n’y a pas grand-chose en maternelle, et beaucoup d’enseignants se rendent compte que pour continuer à créer du lien, il faut que les enfants les voient  », explique Mme Letoqueux, qui avoue s’être « prise au jeu  » mais n’a pas non plus « compté son temps  ». Côté technique, un modérateur répond en direct aux questions des parents via le tchat, tandis que le réalisateur de l’émission, basé à Limoges, renvoie les images avec 15 secondes de différé. À chaque semaine son thème, du carnaval à Pâques en passant par les animaux sauvages. À chaque jour son histoire mimée et son atelier, entre apprentissage des sons, manipulations et fabrication d’objets.

« Effet boule de neige »

De leur côté, les parents sont ravis. « Mon fils est très demandeur, il adore l’école et a eu beaucoup de mal à accepter de ne plus y aller  », témoigne Audrey Hany, mère de Nathan, quatre ans, assurant que son fils arrive « très vite à se détacher de l’écran  ». « Noé est ébahi à chaque fois qu’il voit sa maîtresse à la télé, et nous on trouve qu’elle a beaucoup de mérite  », témoigne Valérie Prioul, dont le fils a quatre ans. « Avant le confinement il s’arrêtait de compter à trois ou quatre et là il compte jusqu’à 10 avec la frise des chiffres de la maîtresse qu’on a affichée dans notre salon  », se félicite-t-elle.

« Il y a eu un effet boule de neige, j’ai commencé avec mes élèves de petite section et j’ai élargi jusqu’à la grande section. Aujourd’hui je reçois des messages d’Asie, du Chili ou de La Réunion  », s’amuse l’institutrice qui a enregistré jusqu’à 51.000 vues pour une émission où elle apparaissait déguisée. Le plus difficile ? « Les élèves ne sont pas présents et il n’y a pas de répondant, même si mon mari me lit, à la pause, les réponses des enfants rédigées à travers le tchat par les parents  », reconnaît l’enseignante, qui fait néanmoins comme si ses élèves étaient devant elle en leur posant des questions et en tendant l’oreille.

Interrogée par l’AFP, Véronique Boiron, chercheuse à l’université de Bordeaux et spécialiste de la maternelle, se dit « très réservée  » sur la classe virtuelle dans la mesure où elle expose les tout petits aux écrans. Mais de reconnaître toutefois que « les enfants souffrent de ne pas voir leurs copains et leur enseignant  ».

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