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Le harcèlement sexiste virtuel, c’est réel!

Les femmes sont les premières victimes du harcèlement virtuel qui a augmenté pendant le confinement. Une campagne de sensibilisation met en lumière le problème, portée par la Fédération des Centres de Planning familial des Femmes Prévoyantes Socialistes !

Journaliste Temps de lecture: 5 min

Explosion du revenge porn et multiplication de comptes « fishas » ! Durant la période de confinement, les diffusions non consenties de photos, selfies et autres vidéos sexuelles ont fortement augmenté sur les réseaux sociaux ou sur les sites pornographiques. De même les comptes dits « fisha » ont vu leur nombre grimper en flèche ; les comptes « fisha » étant spécialement créés et dédiés à la diffusion de photos volées de filles considérées comme faciles ou plus rarement de garçons infidèles ou d’homosexuels.

Pourquoi une telle augmentation ? Par ennui, par désœuvrement… Le confinement a arrêté le temps, réduit nos espaces de vies à nos habitations. Il a modifié notre vie sociale et nos manières de communiquer avec les autres. Nous ne pouvions plus quitter notre domicile et nous nous sommes tourné·e·s davantage vers le numérique avec tous les dangers et les dérives que cela peut comporter.

Les femmes, premières victimes

C’est que communiquer virtuellement comporte bien des dangers qui ne se réduisent pas aux pratiques odieuses du revenge porn et des comptes fishas. Les harcèlements virtuels dont les femmes sont l’objet sont pléthore. Avant de les énumérer, il faut souligner qu’en ces temps qui sont censés consacrer l’égalité des hommes et des femmes et notamment l’égalité sexuelle, ces dernières sont les cibles privilégiées des harceleurs qui sont principalement les hommes. Ce troisième millénaire semble toujours consacrer les stéréotypes sexuels de genre et ne pas apprécier les femmes qui vivent leur sexualité… Et on note que toutes les femmes sont touchées ; peu importe leur milieu culturel, économique, social ou leur notoriété. Ce ne sont pas uniquement les femmes dites « visibles » en ligne, les politiciennes, artistes, journalistes, présentatrices ou stars des médias qui sont visées.

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Slutshaming et dick pic

Parmi les autres agressions dont les femmes sont l’objet, il y a les slutshaming, les messages sexuellement explicites et non sollicités, les avances déplacées, les stratagèmes ou menaces visant à récolter des images à caractère sexuel, les menaces de violences physiques et/ou sexuelles, les propos dénigrants ou insultants voire haineux, et bien évidemment les photos de pénis non sollicitées, les « fameux » dick pics dont on a déjà beaucoup parlé. Et puis il y a encore ces tentatives de piratage des comptes réseaux sociaux/messageries de la victime, la diffusion d’informations privées comme le numéro de téléphone, l’adresse, l’orientation sexuelle ou l’identité de genre.

Ces agressions virtuelles peuvent être uniques ou répétées, à caractère sexuel ou non, s’adresser directement à la personne visée par le contenu ou non, ou encore être commises anonymement, au nom de la personne qui envoie, ou en usurpant l’identité d’une autre personne.

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Une campagne d’information sous forme de BD

Mais quelles que soient leur forme ou leur fréquence, elles sont un problème si important que La Fédération des Centres de Planning familial des Femmes Prévoyantes Socialistes (FCPF-FPS) vient de lancer le 29 juin, une campagne d’information et de sensibilisation mettant en lumière le problème. La campagne « Le harcèlement sexiste virtuel, c’est RÉEL ! » débute avec la sortie de 6 planches BD afin d’appréhender de manière ludique la thématique. Durant deux semaines, du 29 juin 2020 au 3 juillet 2020, six planches BD seront diffusées (lundi, mercredi et vendredi) sur son site internet, sa page Facebook et son compte Instagram.

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Les ambitions de cette campagne sont multiples : conscientiser les citoyen·ne·s à l’existence du harcèlement sexiste et à la gravité des violences à l’égard des femmes en ligne, déconstruire les idées reçues à propos du harcèlement sexiste en ligne ; interpeller le monde politique et les réseaux sociaux pour qu’ils prennent des mesures afin de lutter efficacement contre ces violences. Les professionnel·le·s du secteur psycho-médico-social peuvent se saisir de ces planches dans le cadre notamment d’animations en lien avec la vie relationnelle, affective et sexuelle. Dans le cadre de « Le harcèlement sexiste virtuel, c’est RÉEL ! », la FCPF-FPS produira une brochure d’informations et d’analyse sur base des planches de BD. Ce support est complémentaire aux planches BD en ligne et s’adressera tant aux professionnel·le·s du secteur psycho-médico-social qu’au grand public. Cette brochure sera disponible dès le mois de septembre en version papier auprès de l’équipe de la FCPFFPS ou téléchargeable en format pdf sur le site web de la FCPF-FPS.

Un enjeu féministe

« Le harcèlement sexiste virtuel, c’est REEL » est une campagne importante car elle participe à la lutte féministe et l’égalité entre les sexes. Internet et les réseaux sociaux peuvent être des lieux de libération de la parole des femmes, comme cela a été mis en évidence par l’émergence des mouvements tels que #MeToo et #BalanceTonPorc. Les harcèlements subis virtuellement constituent des obstacles majeurs à ce que les femmes puissent être présentes et actives sur les espaces publics en ligne, autrement dit sur internet et les réseaux sociaux.

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L’accès à internet n’est-il pas un droit fondamental et essentiel pour le bien-être économique ? Trop de femmes aujourd’hui l’ont perdu car elles emploient des stratégies d’évitement et vont jusqu’à s’autocensurer pour ne pas subir de harcèlement. Des études attestent de cet effacement virtuel des femmes. L’une a montré que suite à du harcèlement sexiste en ligne, 1 femme sur 5 dit avoir fermé son compte en ligne pour se protéger. L’autre, américaine, atteste que 41 % des femmes entre 15 et 29 ans qui n’ont pas été victimes de harcèlement sexiste en ligne rapportent s’autocensurer en ligne par peur de devenir la cible de harcèlement en ligne

Que faire face au harcèlement ?

Mais si prendre conscience du problème est essentiel pour changer les mentalités et les comportements, on fait quoi quand on est victime ? La manière adéquate de réagir est celle avec laquelle la personne se sent la plus à l’aise. On peut choisir la fuite, la confrontation, la dénonciation ou encore le rappel du cadre légal. En tant que témoin, on peut devenir un·e allié·e de la victime, en signalant par exemple le profil ou le contenu du harceleur, en contactant la victime en privé ou encore en accompagnant la victime dans ses démarches, etc. Mais on prend conscience du problème en l’observant et en écoutant les victimes, on tente de le comprendre, d’en mesurer toutes les dimensions et on agit !

https ://www.planningsfps.be/nos-campagnes/le-harcelement-sexiste-virtuel-cest-re...

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