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Pascal Obispo: «Je ne vois pas à quoi me servirait une maison de disques… à me limiter en me disant qu’il faut sortir un album tous les deux ans et demi?»

« Je me fabrique un endroit de liberté », lance à l’AFP Pascal Obispo, qui rompt les amarres avec les maisons de disques et embarque à bord de sa plateforme, pour toucher directement le public, sans contrainte dans ses choix.

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« Je ne vois pas à quoi me servirait une maison de disques… à me limiter en me disant qu’il faut sortir un album tous les deux ans et demi ? C’est une insulte à la musique et à la créativité  », établit l’artiste, qui a lancé vendredi dernier, jour de son 56e anniversaire, son interface « Obispo All Access ».

Le prix d’un billet de concert couvre un an d’abonnement pour les nouveautés présentées sur cette application disponible sur Apple Store et Google Play. Tous les vendredis, des contenus sont mis en ligne. Obispo a préparé un solide stock d’inédits à écouler et déjà « planifié sur deux ans » les projets prévus. Une multitude de formats sont au programme, entre lives jamais diffusés, documentaires, clips, films d’animation, BD, masterclass, etc.

De nouveaux morceaux ou albums sont aussi au menu. Obispo, qui voulait être « maître du bateau, libre dans le tempo et l’éclectisme » va ainsi sonner jazz ou encore reggae, entre autres, au fil des équipages recrutés pour l’odyssée.

« Champ des possibles »

« L’idée, c’était de se retirer (du modèle classique avec une maison de disques) pour ouvrir le champ des possibles  », poursuit-il. Le décès du chanteur Christophe l’an dernier, dont il était proche, l’a poussé à « accélérer le projet  » : « la vie est tellement courte  ». « Christophe, je lui avais fait écouter des morceaux électro et je lui avais montré l’ergonomie de la plateforme, il trouvait ça fantastique, il ne pouvait qu’adorer ça, il a toujours été indépendant  ».

Pour en revenir au tarif d’entrée, Obispo se défend de « toute opération financière, comme le disent les ‘haters’ (critiques sur les réseaux sociaux)  ». « J’ai mis tous mes sous là-dedans, si je voulais gagner de l’argent, je n’aurais pas fait comme ça, je me fabrique un endroit de liberté », insiste l’auteur du tube « Lucie ». « Mais je ne suis pas une multinationale, si je dois m’arrêter parce que ça ne marche pas assez, au pire, je peux faire un album tout seul, car je sais jouer de tous les instruments (rires)  ».

« Plus vite »

« Les plateformes (de streaming) ont donné l’illusion de la gratuité de la musique, mais elle ne l’est pas, je fais travailler des musiciens, des techniciens, mixeurs, ingénieurs, des graphistes, etc, je fais travailler dix fois plus de monde qu’une maison de disques (rires) ». « Les maisons de disques ont des stagiaires, moi je travaille avec des professionnels à temps plein. Qui ont besoin d’être rémunérés, on l’a vu dans cette période de pandémie  ».

Quand on découvre « Obispo All Access », on ne peut s’empêcher de repenser au discours inattendu de Florent Pagny lors des dernières Victoires de la musique, dont il était président d’honneur. Retraçant l’évolution de l’industrie musicale, Pagny passa en revue l’invention du CD, l’apparition furtive du MP3, la domination du streaming avant de délivrer sa « vision » : un avenir où chaque artiste serait en prise en directe avec le public et aurait sa plateforme pour diffuser ses productions.

Mais Pagny avait conclu par un petit mot pour les gens du métier qui commençaient à s’agiter sur leurs sièges : « Ne vous inquiétez pas, maisons de disques, on aura toujours besoin d’être accompagnés… ». «  Je lui avais dit ‘à la fin, t’as merdé un peu (rires)’, raconte Obispo. Je n’ai plus besoin des maisons de disques, j’ai vécu de bons moments avec eux, mais je vais plus vite qu’eux  ».

AFP

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