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«Manipulée et harcelée», Pomme décrit un «système d'oppression dangereux» au sein de l’industrie musicale

La chanteuse dit avoir subi des préjudices autant moraux que sexuels, et explique comment d’autres artistes finissent par subir la même chose qu’elle.

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Comment le milieu de la musique a pu être témoin d’autant de violences sexistes et sexuelles tout en les taisant ? C’est la question qui se pose au vu du succès récent de l’hashtag #MusicToo qui dénonce ces méfaits. Ce jeudi, à la veille des Victoires de la musique, la chanteuse Pomme, Claire Pommet de son vrai nom, donne plus d’indications à ce sujet en racontant sa propre expérience dans une lettre publiée sur le blog de Mediapart.

Victime de « la stratégie d'un nombre effrayant d'hommes »

Dans son message, Pomme explique vouloir « ne plus laisser régner la peur » en se confiant, ce qu’elle a déjà fait il y a quelques années mais elle dit ne pas avoir été très entendue à ce moment-là. C’est pourquoi elle réexplique la même chose aujourd’hui. Elle raconte d’abord que l’entrée dans le milieu de la musique a été une expérience « traumatisante » car cela l’a amenée à être « victime d'un système d'oppression dangereux », notamment pour les « femmes queer, handicapées, racisées ».

« De mes 15 à mes 17 ans, j'ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement, sans en avoir conscience à cette époque évidemment », confie-t-elle. « J'ai été l'objet de quelqu'un, façonnée selon ses fantasmes et déviances psychologiques. Je ne choisissais rien de ma vie (comportements, fréquentations), ni de mon apparence (vêtements, maquillage, épilation), ni de la direction artistique de mon propre projet musical naissant à l'époque. J'ai été manipulée jusqu'à en perdre totalement confiance en moi, confiance si fébrile à cet âge-là ». Qui est coupable de ces actes ? Elle ne le dit pas, mais précise qu’il avait alors la trentaine, soit le double de son âge à elle.

Pomme décrit ensuite « la stratégie d'un nombre effrayant d'hommes » avec des réflexions du genre « Sois plus sexy, moins enfant » ou « J'aurais dû te baiser ». La chanteuse déclare qu’à cette époque-là, elle croyait qu’elle était elle-même coupable de ce qu’elle subissait, étant emprisonnée dans une sorte de « cage » mentale.

« C'est assez ! Parlons-nous »

Mais la chanteuse sait ne pas être « un cas isolé ». C’est pour cela qu’elle dit vouloir soutenir les victimes dont la voix n’est pas entendue, « devant l'ampleur des violences quotidiennes perpétrées dans nos professions ». « Il y a un grand nombre d'hommes qui évoluent dans cette industrie en étant des harceleurs, des agresseurs, des violeurs. Un nombre que personne ne peut imaginer (...) Parfois, je suis dans les mêmes loges, dans les mêmes salles, sur les mêmes scènes qu'eux. Ils sont libres. Ils sont exempts de la justice ».

« Je ne suis pas la seule, je ne suis pas une exception et je ne suis pas à plaindre. Je n'ai pas l'intention de me faire plus petite. Je n'ai pas l'intention de la fermer (...) Ça suffit. C'est assez. Parlons-nous. Avec douceur ou avec hargne. Pour que la vérité et la justice se fassent entendre », conclut-elle.

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