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Une journaliste de CNN se confie sur son travail en Afghanistan

Le métier de journaliste sur le terrain peut être très compliqué. La journaliste de CNN, Clarissa Ward s’est exprimée un peu plus sur son métier et les risques omniprésents.

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« Les gens ont dit : « Oh, cette femme est intrépide », et je ne le suis vraiment pas. J’ai très peur et je n’aime pas être dans des situations où les balles volent… Je sursaute à chaque fois que j’entends un coup de feu. Je déteste les coups de feu comme tout le monde » » explique Clarissa Ward, 41 ans, journaliste pour CNN. Son métier n’est pas de tout repos mais elle est habituée aux situations extrêmes. Elle et son équipe ont couvert plusieurs événements très dangereux.

Dernièrement, ils sont à Kaboul pour transmettre des dépêches et présenter le chaos en Afghanistan suite au retrait des troupes américaines et de la reprise des villes par les talibans. Les citoyens afghans cherchent par tous les moyens à quitter le pays, avec en tête les souvenirs du régime de terreur appliqué par les talibans auparavant. Pour Clarissa Ward, son voyage là-bas fut « hallucinant ». Dans une interview exclusive à The Hill elle déclare : « C’était certainement comme si nous étions aux premières loges de l’histoire et c’est un moment extraordinaire à voir ».

Des informations de premier rang

La journaliste a peut-être peur mais elle réussit tout de même à avoir les informations au plus près des acteurs sur le terrain. Ainsi, elle a eu accès à un groupe islamique conservateur. Pour elle, être une femme peut parfois être un atout : « Cela peut jouer en votre faveur parce que vous pouvez prendre les gens un peu au dépourvu ». Elle doit tout de même faire face à des talibans qui refusent de lui parler bien que la journaliste se présente en tenue traditionnelle avec un foulard la voilant. Elle n’hésite d’ailleurs pas à faire part de ces difficultés en direct à la télévision. « Il veut que je me couvre le visage, mais il ne veut pas commenter cette matraque qu’il porte. » avait-elle expliqué mercredi dernier durant un direct.

Ce n’est pas la première fois que Clarissa Ward couvre des zones de combat. Elle était présente avec une équipe dans les années 2000 à Beyrouth mais aussi en accompagnant les forces américaines en Irak. La journaliste était présente depuis Alep en 2012, lorsque la ville était déchirée par la guerre. Clarissa Ward arrive à s’adapter aux situations grâce à son expérience. Elle parle plusieurs langues dont l’arabe, le mandarin, l’espagnol, le français et l’italien.

Pour la journaliste, les talibans ont été plutôt accueillants lors de la chute de Kaboul. « Nous avons rapidement appris que les talibans voulaient en fait que les journalistes sortent dans la rue, car pour eux, ils voient en quelque sorte cela comme une sorte de coup d’État en matière de relations publiques ». En effet, les talibans sont médiatiquement présents pour mettre en avant le fait qu’ils ne se veulent pas violents et qu’ils respectent les normes internationales.

Pourtant, lors d’un reportage de Clarissa Ward, il est possible d’entendre au loin un groupe d’insurgés crier « Mort à l’Amérique ». Clarissa Ward en est consciente mais ajoute : « Mais ils semblent amicaux en même temps. C’est tout à fait bizarre ».

Un terrain dangereux pour tous les journalistes

Roy Gutterman, directeur du Tully Center for Free Speech de l’Université de Syracuse, a déclaré que les reportages sur le terrain comme ceux de Ward étaient essentiels pour que la communauté internationale se souvienne de la chute de l’Afghanistan. Il a ainsi déclaré : « Faire un reportage depuis cette partie du monde est dangereux pour tout journaliste. Lorsque vous introduisez la façon dont les femmes sont traitées (par les talibans), c’est un danger et un obstacle supplémentaire ». Il a aussi ajouté : « Ces femmes journalistes sont vraiment courageuses pour raconter des histoires sur des gens qui ne veulent pas d’elles là-bas. Ward, qui avant de venir à CNN a passé du temps à faire des reportages pour Fox News, ABC et CBS, n’a pas non plus hésité à poser des questions difficiles aux responsables américains ».

Pour Clarissa Ward, si son travail est bon, c’est parce qu’elle est présente tous les jours sur le terrain avec les Afghans pour tisser des liens et comprendre les situations. Enfin, à propos des Afghans, la journaliste rapporte une amertume envers Joe Biden et la présence des Américains  : « Ils espéraient des excuses, ou encore mieux, une sorte de plan sur la façon dont cela serait corrigé ou réparé. Il y a tellement de chagrin et de rage à propos de la mauvaise exécution de cela aux yeux de nombreux Afghans ».

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