Accueil Soirmag Histoire

Joos De Rijcke, père de la patrie équatorienne

Un Belge est considéré comme le père de la patrie en Équateur.

Temps de lecture: 3 min

Les missionnaires belges ont été parmi les premiers à tenter d’évangéliser les Sud-Américains. Joos De Rijcke, aux racines malinoises, est de ceux-là. Et lorsqu’au terme d’un voyage apocalyptique, presque par hasard, il arrive seul en Équateur, durant l’hiver 1535, Quito n’est plus que ruines. Ses habitants l’ont eux-mêmes incendiée à l’arrivée des Espagnols. La population locale est d’ailleurs décimée, victime des guerres civiles entre Incas, des violences des Conquistadores et, surtout, des maladies que ces derniers apportent avec eux. Dans une lettre à ses parents, datée du 6 mars 1536, il décrit les traditions qu’il découvre chez les Incas, leur organisation centralisée, mais aussi les exactions des Conquistadores à la recherche de l’or. Il évoque aussi les impressionnantes techniques utilisées par les Incas pour construire leurs bâtiments, la grandeur et la beauté de leurs palais ou l’incroyable développement du réseau routier. « Quoi qu’on puisse raconter, il y aurait toujours plus à dire et l’on ne pourrait de toute façon pas suffisamment s’émerveiller de la spécificité et de l’intelligence du peuple qui habite ce pays – ni de sa sauvagerie », écrit-il, visiblement conquis et motivé. L’homme ne perd guère de temps pour se mettre à l’ouvrage. Soutenu par la cour de Charles Quint, dont, enfant, il fut probablement très proche, il va fonder l’imposant couvent de San Francisco au centre de Quito et le collège de San Juan Evangelista, école professionnelle dans laquelle les jeunes nobles incas peuvent apprendre toute une variété de métiers leur permettant d’être autonomes. Mais sont aussi plus asservis à la cause chrétienne. Il fait d’ailleurs construire, dans le même but, de nombreux autres couvents et écoles à travers le pays ; il bâtit un aqueduc partant du volcan Pichincha pour amener l’eau courante en ville ; il collabore à la mise en place d’un système juridique fonctionnel ; il introduit les beaux-arts. On lui attribue aussi l’introduction du blé en Amérique latine, mais c’est contesté. D’ailleurs, il ne le revendiquera jamais. Par contre, il sera à la base, en 1566, de la production de la première bière sur le continent américain. Ce n’est pourtant pas à Quito qu’il va mourir en 1578, âgé de 80 ans, mais, en semi-disgrâce, dans la cité blanche de Popayan, en l’actuelle et toute proche Colombie. Mais son couvent et sa statue trônent toujours sur la place San Francisco de Quito. Le lieu est d’ailleurs en train de se transformer en véritable centre touristique. Même la brasserie de Joos De Rijcke a été reconstituée. On y explique comment on produisait jadis la boisson importée par le Belge. Quant à son effigie, elle figure sur bien des bas-reliefs et autres fresques à la gloire des pères fondateurs de l’Équateur, où il est connu et toujours vénéré sous le nom de “Jodoco Rique”. Et ce, bien avant l’arrivée au pouvoir du président Rafael Correa, formé à l’Université Catholique de… Louvain.

Sur toutes les statues consacrées en Équateur comme en Belgique, Joos De Rijcke est représenté avec du blé sur le bras. Une légende qui a donc la vie longue.
Sur toutes les statues consacrées en Équateur comme en Belgique, Joos De Rijcke est représenté avec du blé sur le bras. Une légende qui a donc la vie longue.

Notre sélection vidéo

Aussi en Histoire

Voir plus d'articles

À la Une