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Dans une puissante lettre ouverte, Isabelle Adjani soutient Adèle Haenel: «Elle était celle que l’on attendait»

L’actrice française admire le « courage » et la « dignité » d’Adèle Haenel qui accuse Christophe Ruggia d’agressions sexuelles et de harcèlement sexuel. Elle a trouvé les mots justes pour en parler.

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« Elle ne savait pas qu’elle était celle que l’on attendait pour remettre la victime au centre de l’attention », explique Isabelle Adjani. Dans une longue lettre ouverte diffusée sur le site des Inrocks, l’actrice française salue le courage d’Adèle Haenel, au cœur d’une enquête de Marine Turchi pour Mediapart. Dans ce long papier, on apprend que la comédienne accuse le réalisateur Christophe Ruggia d’attouchements et de harcèlement sexuel.

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En plus de cet article, Adèle Haenel est intervenue dans plusieurs médias pour raconter son histoire. Un témoignage qui a suscité de très nombreux commentaires, pour beaucoup saluant le courage de cette femme et notant que l’on se retrouve ici dans un bouleversement évident du traitement des violences sexuelles. Un sentiment partagé par Isabelle Adjani :

« Quand Adèle Haenel prend la parole devant la caméra de Mediapart, un renversement se produit dans le cours de cette histoire française dont l’issue est toujours un procès médiatique où l’accusé, le criminel a le rôle principal et où le sort de la victime est une fois sur deux classé sans suite, par embarras culturel ».

« Ce qui est important, c’est ce qu’ELLE a à dire »

« C’est elle qui parle de ce qu’elle a vécu, comment elle l’a vécu et comment elle y a survécu jusqu’à aujourd’hui », reprend Isabelle Adjani qui estime qu’on change ici de focale. L’agresseur présumé importe moins que le témoignage puissant d’Adèle Haenel, et ce même si Christophe Ruggia a d’ores et déjà subi les conséquences de ces accusations – qu’il nie par ailleurs, tout en reconnaissant une « erreur » – en étant radié de la Société des réalisateurs. « Ce n’est pas ce qu’IL a fait qui est important, c’est ce qu’ELLE a à dire. Et ça, ça change tout ! », poursuite Isabelle Adjani dans cette puissante lettre ouverte.

Et l’actrice de faire un parallèle avec l’affaire Weinstein qui a secoué Hollywood et le cinéma américain : « L’histoire d’Adèle H., c’est l’anti-affaire Weinstein. C’est l’histoire de l’oppression des femmes, l’histoire des trois H : harcèlement, humiliation et honte. Adèle Haenel ne fait pas le procès de Christophe Ruggia, il n’y a pas d’affaire Ruggia, il y a – changement absolu de paradigme – l’histoire d’Adèle Haenel ».

« Elle a vécu avec cette terreur des mots »

Pour l’heure, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire à la suite du témoignage d’Adèle Haenel et de l’enquête fouillée de Mediapart qui multiplie les témoignages concordants. L’enquête porte sur des faits « d’agressions sexuelles sur mineure de 15 ans par personne ayant autorité » et de « harcèlement sexuel », comme le rappelle BFMTV.

Pour ce qui est d’Isabelle Adjani, elle conclut, admirative du « courage » et de la « dignité » de sa consœur : « Elle a vécu avec cette terreur des mots qui n’empêchent pas de parler mais qu’il ne faut pas dire, elle vient de les expulser, de les restituer sans vomir, sans les cracher à la gueule des salopards qui sévissent sur les plateaux, dans les bureaux, dans le métro, dans la rue, dans l’intimité conjugale… »

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