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#JeSuisVictime: dans la foulée des César, un hashtag libérateur pour les personnes agressées sexuellement

Depuis plusieurs jours, le hashtag #JeSuisVictime est devenu viral. Des milliers d’internautes – majoritairement des femmes – publient des posts pour témoigner des viols et des agressions sexuelles dont ils ont été victimes.

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Sur Twitter, c’est un déferlement de témoignages tous plus poignants les uns que les autres. À la lecture de ces messages, le ventre se noue, la gorge se serre, la compassion afflue. Le hashtag #JeSuisVictime regorge de prises de parole fortes et puissantes de personnes qui ont été victimes d’agressions sexuelles ou de viols et qui ont fait le choix de témoigner sur les réseaux sociaux de ces agissements pénalement répréhensibles.

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Le hashtag, une sorte de deuxième #MeToo – comme le pointe Franceinfo  –, est devenu viral depuis le sacre de Roman Polanski aux César le 28 février dernier. L’homme de 86 ans a été couronné meilleur réalisateur pour le film « J’accuse », alors même que de nombreuses personnalités publiques demandaient qu’il ne puisse pas apparaître dans cette catégorie, lui qui est accusé de viols.

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« J’ai survécu seule dans le silence »

Parmi les prises de parole survenues sur les réseaux sociaux, des personnalités connues du public. À commencer par Andréa Bescond qui écrit : « J’avais 9 ans, il me disait que j’aimais ça et que j’étais douée. Il l’a fait dans mon lit, ma salle de bain, sa voiture, les vestiaires de l’athlé, la chambre de ses fils qui dormaient à côté de moi. C’était furtif mais ce sont les plus longs instants de ma vie ». De cette expérience, elle en a tiré un film, « Les Chatouilles », largement salué.

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Il y a aussi eu la psychiatre Muriel Salmona – également présidente d’une association « Mémoire traumatique » qui lutte contre toutes les violences – qui décrit des « viols digitaux par des hommes adultes à l’âge de 6 ans puis à 13 ans ». Elle a « survécu seule dans le silence ».

Des témoignages poignants, terribles

Le hashtag a donc été créé dans la foulée des César 2020, largement décrié. Si la tribune féroce de Virginie Despentes a eu un écho retentissant dans les médias pour les propos forts qu’elle y tient et pour sa critique du pouvoir en place, c’est une internaute qui compte moins de 5.000 abonnés qui a lancé le #JeSuisVictime, sans anticiper, probablement, l’onde de choc qu’il allait provoquer sur les réseaux sociaux. « Vous pouvez crier dans mes mentions jusqu’à ce que l’un d’entre nous meure si ça vous fait plaisir. On ne se taira plus. Ni vos insultes, ni vos accusations, ni votre mépris ne nous ferons taire. La honte doit changer de camp. #CesarDeLaHonte #JeSuisVictime », écrit-elle.

Dans la foulée, d’innombrables messages d’internautes anonymes ont donc envahi la toile, permettant à ces victimes de parler. Comme le note Franceinfo, revient surtout l’idée que le traumatisme ne s’efface pas avec le temps. Des histoires fortes que Soir mag partage en partie ici mais qui sont donc à retrouver sur Twitter via le hashtag #JeSuisVictime. Il suffit de scroller sur votre écran pour finir estomaqué et pour prendre conscience de l’ampleur du phénomène.

Les autorités réagissent, la collection #NousToutes soutient

Un phénomène qui n’est d’ailleurs pas pris à la légère par les autorités. Le compte Twitter de la police nationale français a réagi à ces messages également publiés sous un hashtag qui diffère quelque peu #JeSuisUneVictime. Les forces de l’ordre appellent à porter plainte : « Si vous êtes victime d’une infraction à caractère sexuel ou sexiste, déposez plainte pour #NeRienLaisserPasser ».

Le collectif #NousToutes a réagi au hashtag crée le 29 février dernier. Dès samedi, le mouvement féministe a écrit un message à l’attention des victimes qui ont pris la parole sur les réseaux sociaux : « Nous vous croyons. Vous êtes fortes et courageuses. Vous n’y êtes pour rien. Les violences sont graves et interdites par la loi. Nous sommes à vos côtés. #JeSuisVictime ».

Une étude édifiante sur le consentement

Par ailleurs, le collectif français a diffusé, ce mardi 3 mars, les résultats d’une étude anonyme sur le consentement sexuel lancée en février. Les chiffres obtenus, édifiants, renforcent les témoignages. Il en ressort, comme l’écrit Les Inrocks, qu’« une femme sur deux a déjà subi des violences s’apparentant à un viol de la part du partenaire. Et 90 % des femmes disent avoir déjà subi des pressions pour avoir un rapport sexuel, sachant que pour 88 % des cas cela est arrivé à plusieurs reprises ».

Dans la foulée, le collectif a lancé son propre hashtag, #JaiPasDitOui, également très utilisé sur Twitter depuis ce mardi 3 mars. Plus de 100.000 personnes ont répondu au questionnaire du collectif Nous Toutes, dont 96.600 sont des femmes : « Une femme sur six témoigne avoir eu un rapport sexuel non consenti lors de son tout premier rapport sexuel. Parmi elles, 36,5 % déclarent que c’est arrivé lorsqu’elles avaient moins de 15 ans. Elles sont aussi plus de la moitié (53,2 %) à avoir déjà eu des rapports sexuels avec pénétration non consentie ». Une étude qui doit avoir la résonance qu’elle mérite.

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